Histoire du village

Le logo d’Allonville a la forme d’un fer à cheval conçu à partir du contour des bois qui entourent maintenant encore la clairière néolithique.

On voit encore le dessin sur les cartes et les photographies actuelles.

Berceau de l’histoire du village, ce sont les paysans-éleveurs qui dans le manteau forestier ont ouvert cette clairière.

 

Dans les années après-seconde guerre mondiale, des laboureurs d’Allonville remarquaient que remontait du soc de leur charrue des silex de formes particulières. Il s’avère par expertise de préhistoriens, qu’il s’agissait d’outils d’âge préhistorique.

 

La découverte d’enclos funéraires en 1956 et 1965 révèle l’existence de quelques domaines gaulois entourés de cabanes de l’âge de fer, on y trouve vases, coupelles, débris humains, os d’animaux supposément consommés lors d’un dîner funéraire ainsi qu’un couteau de fer utilisé dans la découpe du porc.

 On suppose que cette tombe était celle d’une personne qui possédait un vaste domaine.

Les Gaulois s’étaient installés dans la clairière et aux abords du village actuel, au « Coquingnard » notamment.

C’est un siècle plus tard environ qu’arrivent les Romains. On constate l’installation de plusieurs villae gallo-romaines dans cette même couronne de bois. Une période sans doute prospère favorisée par la « paix romaine » que Rome faisait régner sur son empire.

On dit aussi que le nom d’Allonville viendrait de sa forme latine Alunvilla en 1147 (Allonville en Picard), Alun toponyme issu du prénom Aio, un des propriétaires d’un domaine gallo-romain en ce temps et Villa un rappel de ces domaines.

Les Francs belliqueux n’ont laissé aucune trace de leur passage et du moyen-âge nous ne savons presque rien.

 

C’est vers les années 1800 / 1850 que la population d’Allonville était la plus importante malgré la vague épidémique de choléra qui avait touché la France en 1832 ; selon le recensement de la population, Allonville n’a pas été le plus touché.

D’après les mémoires locales une croix de choléra fut érigée au bout du chemin du Coquingard à Allonville en remerciement pour la protection de Dieu face à cette pandémie.

C’est en 1851 que le village a procédé à une reconstruction de l’église beaucoup trop petite pour accueillir plus de 700 Allonvillois.

Les jeunes allaient quelque fois dans les fêtes des villages alentours pour s’amuser.

Ils traversaient la clairière ou les bois qui n’étaient pas toujours sans danger (on rapporte que le dernier loup aurait été abattu dans le milieu XIXème siècle dans le « val des loups »). Des musiciens venaient jouer pendant la fête du village, aujourd’hui encore les récits de ces fêtes sont racontés.

 

Sous l’Ancien Régime, quelques métiers à tisser la laine battaient déjà dans les petites maisons d’Allonville, c’est le travail du velours de coton qui augmenta considérablement le nombre de petits artisans ruraux.

Après 1850, les coupeurs de velours représentent la moitié de la population. Ils remplacent peu à peu les tisseurs aussi appelés « Les saiteurs ». Ils ouvraient avec une lancette les côtes des tissus de coton. Les trames de tissus de coton arrivaient d’Amiens, dans la charrette (voiture à cheval) par « le messager ».

Dans sa voiture bâchée, tirée par son cheval, il acheminait une vingtaine de pièces pour être travaillées.

C’est grâce à ces coupeurs de velours que la population s’accroît. La ferme du « ménager » était petite ; le logement étroit, l’atelier artisanal et de modestes bâtiments agricoles. Les habitants qui pouvaient être à la fois fermier et coupeur de velours, possédaient souvent un petit lopin de terre qu’ils ne pouvaient pas toujours labourer eux-mêmes. On procédait alors à un échange d’aide avec un fermier. Les habitants vivaient de peu de choses, mais ensemble.

Le coupeur de velours redoutait surtout la « phtisie cotonneuse » (maladie professionnelle des travailleurs de coton), une toux permanente, qui empoissonnait souvent leur fin de vie.

On repère aujourd’hui encore les quelques « grand-portes » de ces fermes.

Peu à peu les coupeurs de velours ont abandonné leur métier en raison de la mécanisation du textile à Amiens, ce qui a encore amorcé la diminution de la population.

Ce phénomène s’est aggravé avec notamment :

  • La 1ère Guerre mondiale 1914/1918 : les jeunes hommes et hommes 

valides sont mobilisés pour aller au front. 25 soldats nés à Allonville, âgés de 18 à 30 ans y sont tombés, C’est en 1919 qu’Allonville, comme tous les autres villages, décide d’édifier un monument aux morts. Il est réalisé et offert par Athanase Fossé, lui-même né à Allonville en 1851.

En août 1916, les britanniques installent un poste d’évacuation des blessés (« CCS » en anglais Casualty Clearing Station). Cette même année, un soldat britannique, le premier soldat mort à Allonville, est enterré dans la partie Est du cimetière d’Allonville.

C’est pendant cette guerre qu’un évènement dramatique est arrivé à Allonville. Début avril, Allonville devient alors une des bases de l’armée australienne ; en effet la 4e division d’infanterie australienne y établit son quartier général au château d’Allonville,

Le 31 mai 1918, une horrible tragédie touche la division australienne : deux obus tirés par l’artillerie allemande sur deux écuries utilisées par les compagnies du 14e bataillon australien blessent environ 60 soldats australiens et en tuent 18 ainsi qu’un soldat britannique, enterrés dans le cimetière communal d’Allonville.

 

  • 2e Guerre mondiale 1939/1945, les hommes encore une fois mobilisés pour aller au front, laissent derrière personnes âgées, femmes et enfants.

C’est en 1940 que l’invasion allemande a commencé.

Au cours de cette guerre, le château fut gravement endommagé, une des écoles d’Allonville fut détruite pendant des bombardements ; les écoliers devaient partager une salle de classe en alternance ( les grands le matin puis les petits l’après-midi).

Les allemands avaient installé une bas dans le bois du parc du château, on voit encore aujourd’hui un « Blockhaus » près de la salle polyvalente, rue des auges.  Les contrôles étaient fréquents. Des soldats allemands logeaient parfois dans les maisons allonvilloises. Les hommes étant partis au front ou prisonniers, les femmes devaient s’occuper elles-mêmes des champs et du bétail.

En 1944, les soldats anglais libérèrent le village lors d’une offensive. Le village fut alors délivré de 5 longues et difficiles années.

  • Les 30 Glorieuses 1946/1975 virent la reconstruction économique du pays dévasté pendant la guerre, la croissance de la production industrielle et le retour vers une situation de plein emploi. Remarquable exemple d’exode rural, les habitants des villages allaient à la recherche de l’emploi et partaient dans les villes.

Ainsi durant les deux derniers siècles, le nombre d’habitants a évolué en fonction des différents événements qui ont marqué notre histoire.

 

La population a diminué de plus de la moitié en un siècle, mais on constate un accroissement dynamique des habitants d’Allonville après l’effondrement de 1962 (292 habitants.).

Depuis, la population a presque triplé en 50 ans pour atteindre 768 habitants en 2020.